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Baleejar

Structure en acier et filets fantômes recyclés

310 x 210 x 90 cm
Résidence NU'VEM
Lieu : Île de Pico, Açores
2025

Baleejar est une représentation sculpturale de la nageoire caudale d’un cachalot — à taille réelle, correspondant à celle d’une femelle adulte — réalisée à partir d’un filet de pêche fantôme récupéré dans les eaux des Açores. L’œuvre a été créée lors d'une résidence sur l’île de Pico, un lieu au lien profond et complexe avec les baleines.

Jusqu’en 1987, Pico était l’une des îles centrales de la chasse à la baleine aux Açores. Cette activité était pratiquée par nécessité — à la main, dans de petites embarcations, avec un savoir transmis de génération en génération. Aujourd’hui, ces mêmes eaux autrefois marquées par la violence sont devenues l’un des endroits les plus riches au monde pour observer les baleines dans leur grâce naturelle. L’identité locale est profondément liée à cette histoire culturelle — non pas à travers l’acte de tuer, mais à travers la résilience, la transformation et le lien constant que l’île entretient avec la mer. Aujourd’hui, cette même communauté est devenue une destination mondiale pour l’observation des cétacés, et le cachalot, autrefois chassé, est devenu un symbole de fierté et de protection.

Cette sculpture cherche à réapproprier le verbe « baleejar », qui signifie « chasser la baleine » en portugais.

Baleejar propose une nouvelle définition :
Et si baleejar signifiait voir une nageoire surgir à l’horizon ?
Et si baleejar signifiait chanter des chants ancestraux en mer ?
Et si baleejar signifiait protéger, être gracieux, être résilient ?
Et si baleejar servait à célébrer la présence, et non la perte, de ces êtres ?

Ici, un filet de pêche abandonné — un outil autrefois utilisé pour extraire la vie — a été réutilisé, à la fois physiquement et symboliquement. Sa fonction d’origine a été défaite, puis transformée pour exprimer l’interconnexion : entre les humains et le monde marin, entre langage et soin, entre passé et présent. Ce filet a parcouru des distances inconnues, piégé des vies inconnues. Aujourd’hui, en devenant Baleejar, il devient tout autre chose. Les habitants de Pico sont aujourd’hui fiers de leur identité, de leur culture et de leur lien intime avec l’océan — non pas parce qu’ils ont tué des baleines, mais parce qu’ils portent cette mémoire avec honnêteté. Baleejar pose cette question : qu’est-ce qui nous empêche de reprendre ce mot ? Et si baleejar pouvait vouloir dire quelque chose de beau ?

© OCÉANE JACOB. Tous droits réservés.

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